Je ne présente ici que quelques remarques ayant trait au traitement des ressources vulgaires des Dragons et non à leurs potentialités magiques.

L'art de dépecer un dragon mort est très proche de celui de dépecer un cerf mis à part que la créature est légèrement plus grande. Le mieux, si vous le pouvez, est de suspendre la créature par ses pattes de derrière ( dans le cas d'un petit Ver ou d'un dragonnet). Sinon, mettez-la sur le dos. Une fois que vous avez saigné et vidé votre dragon, vous pouvez passer à la suite.

Le cuir d'un dragon peut avoir une valeur considérable auprès des armuriers. Il faut découper des morceaux d'au moins un mètre carré pour qu'ils soient utilisables. Les morceaux ne doivent pas être perforés, ni porter des traces de coups, ni être brûlés ou détériorés d'une autre façon. A dire vrai, je n'ai réussi dans toute ma carrière à récupérer suffisamment de cuir intact que pour fabriquer quatre armures, pas plus. La raison en est que pour réussir à tuer un dragon, il faut souvent lui donner d'innombrables blessures (1) qui rendent sa peau inutilisable.

(1) sauf si vous disposez d'une relique du type " la Flèche Tueuse de Ver de Saint Michel " ou équivalent ; quant à tuer un Dragon par empoisonnement, un peu comme un rat sauf que l'on remplace les petits bouts de fromages par des petits orcs, cette méthode n'a jamais vraiment fonctionné : soit le Dragon est immunisé, soit torturé par la douleur qui lui ronge les entrailles il va se suicider en s'empalant sur un pic montagneux… autant dire que la carcasse est inutilisable.

Bien que seuls les inconscients chassent les dragons uniquement pour se nourrir, n'oublions pas que leur chair est comestible si on sait la préparer, à l'exception de celle du Dragon Venimeux ( Le mythique " Poison Dragon "), qui est imprégnée d'un poison violent. Le mode de préparation dépend de la variété du dragon.

  • La chair du noble Dragon doit être vieillie. On doit la faire sécher en plein air pendant au moins deux jours avant de pouvoir la consommer. Si jamais on la mange avant ce délai, on s'expose à des crampes d'estomac et à d'autres douleurs du même genre. Même une fois séchée, la viande reste très épicée - un peu trop au goût de certains, même si personnellement j'adore (plus sur le moment que le lendemain, je l'admets). Plus l'âge du Dragon s'accroît, plus son goût épicé est fort. Je pense que cela est lié à la pénétration des énergies magiques en son sein. Quant à la perception de ce goût, je ne peux affirmer qu'elle soit totalement distincte de notre sensibilité personnelle à ces énergies.
  • La chair des Wyverns ( cousines batârdes, mais cousines tout de même) est dangereuse, elle doit être marinée une nuit entière dans du vinaigre, puis vingt-quatre heures encore dans de l'eau chaude. Cela suffit généralement à éliminer toutes les toxines de la viande, même si elle gardera un arrière-goût de boue marécageuse.
  • La chair d'un Ver Blanc ne demande aucune préparation, sauf peut-être un assaisonnement. Elle est dure et habituellement assez fade.
  • J'ai essayé et goûté de nombreuses façons de préparer la chair des Grands Serpents de Mer (que l'on peut inclure dans la grande famille des Grands Reptiles Magiquement Actifs) : trempée, séchée, assaisonnée, cuisinée, marinée, et très cuite. Même si elle n'est pas empoisonnée, je n'en ai trouvé aucune qui la rende agréable au palais humain.

On m'a dit que dans certains milieux dépravés de New Magincia, les abats et certaines glandes de dragon sont considérés comme un des mets les plus délicats. Un voyageur m'a raconté qu'un mage mégalomane défunt ne consentait à manger que des cervelles de dragon rouge ( " mage mégalomane " n'est PAS un pléonasme et " mage mégalomane défunt " n'est pas FORCEMENT une certitude), et qu'un autre dignitaire de Britannia raffolait de la langue de dragon. Après diverses expériences, je dois en conclure que de tels penchants sont totalement artificiels, et que certains de mes collègues adeptes des Arts Mystiques sont encore plus décadents que je ne le pensais.
Pour conclure, je tiens à signaler qu'il est déplaisant de considérer les Dragons comme une espèce que l'on peut massacrer pour la gloire, l'or et l'art de la table. Certaines variétés et certains membres de cette race peuvent faire des compagnons ou même des sources de sapience exemplaires. Il faut donc faire preuve de discernement. Ces réflexions morales d'un plus haut intérêt étant faites, je ne peux vous souhaitez que : Bonne Chasse et Bon Appétit.